

A. SOUQUES ET LE PÈRE AURÉLIAN, “UNE RÉCENTE EXORCISATION EN BAVIÈRE”. RAPPORT SUR UN CAS
D’EXORCISATION (13 ET 14 JUILLET 1891) DANS LE CLOÎTRE DES CAPUCINS DE WENDING, NOUVELLE ICONOGRAPHIE DE LA SALPÊTRIÈRE, 1893
EDK, Groupe EDP Sciences | « Psychologie Clinique »
2017/1 n° 43 | pages 188 à 195
ISSN 1145-1882
ISBN 9782759819034
Article disponible en ligne : https://www.cairn.info/revue-psychologie-clinique-2017-1-page-188.htm
Pour citer cet article :
Karine Henriquet-Mongreville, « A. Souques et le père Aurélian, “Une récente exorcisation en Bavière”. Rapport sur un cas d’exorcisation (13 et 14 juillet 1891) dans le cloître des Capucins de Wending, Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière, 1893 », Psychologie Clinique 2017/1 (n° 43), p. 188-195. DOI 10.1051/psyc/201743188
Résumé
À partir d’un article rédigé par Achille Souques en 1893 dans la Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière sur le récit d’un cas d’exorcisation qui s’est déroulé sur un enfant en Bavière en 1891, il est intéressant d’observer que le jeune garçon de dix ans est atteint d’hystérie délirante, et qu’il fut considéré comme possédé du démon. L’événement qui causa grand bruit dans la région pose la question : faut-il faire appel à un psychiatre ou à un exorciste et comment différencier les maux d’origine maléfique des troubles psychiques ? On peut se demander si la collaboration entre psychiatres, psychologues, psychanalystes et exorcistes avec la parole comme outil commun n’amènerait pas le sujet possédé à une forme de délivrance, rendue possible par une cure ou un exorcisme ? Entre croyance et certaines formes de névroses présentant une forme de division similaire à la possession, il est bien difficile parfois d’établir un diagnostic sans avoir de doutes.
Mots clés
Exorcisme ; hystérie ; le Diable ; possession ; Souques.
Présentation de l’auteur
Achille Souques est né dans l’Aveyron en 1860. Il décède d’un cancer en 1944. T. Alajouanine élève dévoué le soignera pendant ces dernières années (Guillain, 1945). Souques est l’un des premiers reçus de l’internat chez Charcot en 1886. Pendant ces années, il se noue d’amitiés avec J.B. Charcot, M. Nicolle et H. Meige. Appartenant à une promotion d’excellence, il sera le dernier interne de Charcot en 1892. Il lui sera fidèle jusqu’aux dernières heures de gloire de la Salpêtrière. Souques profitera de la récompense allouée à l’obtention d’une médaille d’or en qualité d’interne en 1893 pour prolonger son stage et voyager en Allemagne. En 1898, après son clinicat, il est nommé médecin des hôpitaux.
Lors d’un déplacement à Berlin, il apprend la mort de Charcot et sera profondément affecté par cette nouvelle qui sera déterminante pour la suite de sa carrière où il n’aura cesse de compléter son oeuvre. Il devient Chef de Clinique d’E. Brissaud, puis de F. Raymond. En 1899, Souques s’oriente alors en Neurologie et devient un des fondateurs de la Société de Neurologie de Paris. Il sera Médecin à l’Hôtel Dieu et ensuite à l’Hospice d’Ivry avant de devenir Chef de Service à La Salpêtrière où il succède à P. Marie à Bicêtre (Broussolle, Loiraud, Thobois, 2010). En 1918, élu à l’académie de Médecine, considéré comme un spécialiste de la neurologie, il est à l’origine de nombreuses découvertes et d’un certain nombre de signes sémiologiques (Société française de neurologie, 1945).
Il présenta en 1890 sa thèse sous la présidence de Charcot : Étude des syndromes hystériques simulateurs des maladies organiques de la moelle épinière. En 1925, il prend sa retraite de l’hôpital de la Salpêtrière. Passionné d’art, de littérature et d’histoire, il se consacre les dernières années de sa vie, à l’histoire de la médecine antique (Souques, 1936).
À la fin de l’année 1885, Freud passera 4 mois à la Salpêtrière alors que Charcot est à l’apogée de sa gloire. L’hypnotisme et l’hystérie sont au centre des préoccupations. Le passage de Freud à Paris pendant une période d’agitation mondiale marque sans doute une mutation, le lien entre la psychiatrie moderne et l’ancienne. On observe le début d’une rivalité de deux écoles. L’œuvre de Charcot est remise en question par les neurologues allemands qui rejettent l’idée d’assimiler les paralysies traumatiques non organiques à l’hystérie masculine. En 1887, les maladies mentales prennent le devant de la scène en Europe. On parle, lors de nombreux congrès, des névroses, de l’hypnotisme et du magnétisme. La psychologie devient science à part entière. La parapsychologie fait son entrée et l’on commence à parler de psychothérapie suggestive. 1889 est une année faste pour la psychiatrie dynamique. Dans les années qui suivent 1890, nous assistons au déclin de Charcot, La Salpêtrière perd son intérêt. L’école de Nancy suscite de l’enthousiasme et prend de la vitesse (Ellenberger, 2001). En 1891, année même du déplacement de Souques en Bavière pour le cas d’exorcisation, l’école de Nancy attaque Charcot qui essaye d’étendre son domaine de prédilection. Des recherches sur le spiritisme sont effectuées à La Salpêtrière
et les 5 années passées laissent apparaître une période faste pour la psychologie, la psychiatrie et la neurologie. Janet, Charcot, Babinski, Breuer et Freud, James, Bemhein et Krafft-Ebing sont critiqués, décriés, mais permettent des découvertes étonnantes. Il ne serait pas surprenant que Souques, qui baigne dans cet élan n’ait pas été inspiré.
Présentation du texte
Une récente exorcisation en Bavière. Rapport sur un cas d’exorcisation (13 et 14 juillet 1891). Le texte présenté est un article de Souques publié dans la Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière en 1893. Il rapporte un cas d’exorcisation réalisé du 13 au 14 juillet 1891 par un Prêtre capucin. L’exorcisation se passe dans le cloitre de Wending en Bavière sur un jeune garçon de dix ans atteint d’hystérie délirante qui serait considéré
comme possédé du démon.
Les parents de l’enfant, les époux Muller, meuniers sont sous mariage mixte mais mariés dans la foi protestante. Le père est catholique et la mère protestante. L’enfant est scolarisé dans une école évangélique. Point commun qui rassemble, les parents sont chrétiens mais n’entretiennent pas le même rapport à la religion. Michel, l’enfant de 10 ans présente des symptômes, signes particuliers. « À l’origine de la maladie,
les époux Muller s’étaient adressés au prêtre catholique de Feuchtwangen qui les avait envoyés au médecin du canton. Celui-ci avait porté le diagnostic d’hystérie.
Lorsqu’il vit l’enfant pour la première fois, la mère lui dit : “dans une demi-heure ça va le prendre”. En effet, dans une demi-heure l’enfant se jeta sur un banc, frappant autour de lui des mains et des pieds. Si le médecin lui signifiait très énergiquement de rester tranquille, il obéissait à cet ordre. Mais ce praticien ayant déclaré aux parents que leur fils serait plus vite guéri dans un établissement spécial, ceux-ci décidèrent de ne pas le soumettre plus longtemps au traitement médical » (Souques, 1893).
Après la rencontre avec ce médecin du canton, relatée par Souques, qui a posé le diagnostic d’hystérie délirante, les parents refusent tout traitement. Inquiets malgré tout, ils décident de faire appel à l’Église et de demander soutien auprès d’un Révérend Vicaire, pour aider Michel à se débarrasser de ses souffrances. Le garçon ne supporte pas d’entendre réciter des prières, d’être en présence d’objets religieux, sans rentrer dans un état de fureur allant jusqu’à modifier les traits de son visage.
Après les actions du Révérend Vicaire qui n’auront aucun effet, il sera orienté avec ses parents vers le cloitre des capucins. Dès son arrivée, lors des bénédictions routinières des malades, l’enfant montre beaucoup d’agitation, de rage, de fureur et de psychokinèse amenant à penser qu’il est pris d’une influence démoniaque. Les rencontres et tous les moyens sont mis en oeuvre par le cloître pour aider cet enfant.
Michel recevra la benedictio a daemone vexatorum et l’exorcisation in satanam et angelos apostatas, que l’on retrouve dans le rituel Romain de 1903, à plusieurs reprises mais toujours sans résultats. La situation de Michel n’évoluera pas pendant 6 mois. Il est alors demandé auprès de l’Église de pratiquer l’essai d’un exorcisme solennel car après de multiples conjurations, il n’est constaté aucun effet.
Lors de l’exorcisme solennel qui débutera le 13 juillet 1891, l’enfant montrera tous les signes laissant penser à une possession. Lutte, cris, rugissements d’animaux, violence… Il est nécessaire d’attacher l’enfant pour pouvoir procéder à l’exorcisme selon le grand rituel d’Eichstaett. La scène se passe dans l’église ; le P. Aurélian est assisté de deux membres du cloître. Les parents de l’enfant ainsi que deux ou trois personnes sont présentes mais l’église est fermée au public. L’exorcisme sera reconduit dans l’après-midi après avoir été réalisé déjà une fois le matin. Après acharnement et résistance, plusieurs sacrements, cris, gémissements, bénédictions, le diable reconnait, en s’écriant plein de rage, posséder l’enfant.
Le second jour, 14 juillet, le P. Aurélian effectue la cérémonie seul avec une grande foule témoin des événements. Après une lutte acharnée au nom de la puissance de Dieu, le Père fait à nouveau face à un échange verbal avec le diable et à la fin de l’intervention, celui-ci dénoncera la voisine comme responsable du sortilège sur la famille.
Après adjuration et discussion de 6 heures, la séance se termine. L’après-midi une dernière exorcisation d’une heure sera reconduite avec bénédiction cruciale et litanie des saints. L’enfant ne crache plus mais reste agité. Le dialogue entre le diable et le Prêtre est possible. À l’issue, de la cérémonie, triste, il confirmera ne plus être en possession de l’enfant. Le diable aurait ainsi abandonné Michel après une longue lutte, supplications et gémissements. L’exorcisation s’achève ainsi. L’enfant ainsi délivré va pleurer, être en capacité d’effectuer le signe de croix et d’embrasser les reliques que le Père va lui présenter. Hystérie ou Possession ?
Mais que dire sur les causes de la possession ? Les parents ne sont pas de même religion, catholique et protestant, mais chrétiens. La jalousie pourrait-elle être à l’origine de la possession de l’enfant ? Une voisine du couple aurait ensorcelé l’enfant en lui faisant manger des Hitzeln. Pouvons-nous établir un lien de causalité avec la situation religieuse familiale ? Avant la délivrance de l’enfant, la famille semble plus proche de la religion protestante de la mère. Mais par nécessité, elle va se rallier et rentrer dans le giron catholique espérant sauver son enfant. Suite à l’exorcisme, l’Église récupère la mère de l’enfant comme pratiquante. Le texte relate aussi l’étonnement que produit ce miracle sur les deux congrégations religieuses. Personne ne
niera l’existence de la possession par peur et par crainte des autres et de l’Église. Le P. Aurélian déclarera aussi des phénomènes étranges dans la maison familiale des Muller, lors des quelques jours qui suivront la délivrance et l’exorcisme solennel.
Ce qui est relaté est un rapport des faits du P. Aurélian à La Gazette de Cologne. Souques, lui accède au phénomène de possession par le diagnostic initial posé par le médecin de canton. Selon lui, le praticien déclare que le garçon souffre d’hystérie délirante et qu’il serait mieux soigné s’il était pris en charge dans un établissement spécial. À l’issue de cette rencontre, les parents refusent le traitement et les soins.
Ne se seraient-ils pas rattachés à l’Église par nécessité d’être entendus ? Qui avait pris la décision dans le couple de ne pas soigner l’enfant par voie médicale ? Les parents avaient déjà rencontré un prêtre avant d’être dirigés vers le médecin qui allait établir le diagnostic. La question centrale : Possession ou Hystérie ? Comment
soigner ? Doit-on faire appel à un prêtre ou à un psychiatre ?
Pour la plupart des exorcistes, l’exorcisme c’est d’abord un dialogue, à travers la parole et la prière, les personnes venues consulter essayent de comprendre ce qui les traumatise. On retrouve chez beaucoup souffrance et recherche de sens. Nous retrouverions par l’efficacité symbolique des rituels un lien avec la cure (De Sardan, 1994). Bon nombres de psychiatres et d’exorcistes se retrouvent en difficulté face à certains cas relatés ou rencontrés pour émettre un diagnostic entre délire de possession et cas avéré de possession. La croyance se confronte à la médecine. Ainsi parler d’exorcisme, c’est aussi parler de psychiatrie. Comment différencier les maux d’origine maléfique des troubles psychiques ?
Dans de nombreuses cultures, la croyance revêt alors un habit où le possédé et le malade sont soignés par les mêmes personnes. Le mal, le diable, revêt-il plusieurs costumes et serait-il capable de rendre une personne folle ? L’habiter suffisamment pour que l’on croit à une maladie psychique ?
L’Église oriente les prêtres à rencontrer les psychiatres, pour débattre de la possession et de ses symptômes dans le but de les aider à faire la différence entre des maux d’origine naturelles ou maléfique. Dans le rite d’exorcisme revu en 1999 et actuellement introuvable, la préoccupation principale de l’Église est de distinguer ce qui est scientifiquement explicable, et fait partie de maladie, de ce qu’il ne l’est pas. De plus en plus d’exorcistes étudient les concepts de la psychiatrie, de la psychologie et de la psychanalyse. Ils s’intéressent et sont attentifs aussi aux conflits environnementaux, aux relations interpersonnelles. C. Gilardi, prêtre dominicain diplômé en psychologie et psychanalyste indique que dans la pratique quotidienne de la psychiatrie ou de la psychanalyse, il est fréquent de rencontrer des gens qui attribuent leurs souffrances au diable, au Mal. « Le diable est une métaphore de la contrevolonté, de ce que les patients sont obligés de faire et ne voudraient pas inconsciemment. Freud aborde et résout le mystère de l’hystérie, l’interprétant
comme une division de la personnalité, quelque chose de très similaire à la possession. » (Gilardi, 2014).
On retrouve aujourd’hui des formes de possession démoniaque dans la névrose hystérique ou obsessionnelle, les névroses phobiques… Dans le rapport d’exorcisation en Bavière, nous observons un terrain favorable que l’on retrouve chez de nombreux possédés. Le garçon serait-il porteur de culpabilité, d’angoisse ? Se sentant monstrueux, n’attirait-il pas ainsi le Mal ? Les manifestations apparaissent sur des personnes dont la libido, la sexualité, est particulièrement refoulée par la religion, l’environnement, la morale. Bien souvent, les crises d’hystérie lors des exorcismes apparaissent chez des femmes, la population dont la sexualité est la plus interdite par les règles religieuses et sociales avec lesquelles elles vivent. Mais dans notre texte, c’est un garçon, chose rare en effet. Par la possession et l’exorcisme l’enfant pourrait sous couvert de l’Église rallier sa mère dans la même religion que son père et lui. Quelle rationalité peut-on apporter à cela ? La possession ne pourrait-elle pas conduire à des troubles psychiques ? Quels soins proposer ? Faut-il délivrer de la chimie, des herbes traditionnelles, faire une ceinture avec des fétiches, appeler un prêtre exorciste ou rencontrer un psychanalyste pour une cure ? Il est possible qu’il y ait plusieurs méthodes, toutes autant rationnelles les unes que les autres. Le point central serait la rencontre et la parole. Il en découlerait une levée d’affects qui par l’effet de placé-bo, bien-placé, offrirait une des grandes clés du soin. Il est malgré tout impossible de dire
quelle méthode, si elle existe, fonctionne mieux qu’une autre. Nous ne pouvons effectuer de comparaison dans ce domaine. La croyance aurait une incidence sur le soin et la rencontre, la parole délivrée par le sujet favoriserait la guérison.
Depuis 1890, il n’y a pas de grandes évolutions. Les frontières sont floues et mal délimitées, c’est ce qui conduirait à générer des doutes dans l’établissement d’un diagnostic. Il existe une tendance à croire, du côté du mystique, en l’existence de Satan, du diable ou autre nom que nous pourrions lui donner et de l’autre une
tendance à psychologiser. La ligne entre le Sacré et le médical est fine, car un symptôme peut revêtir un caractère magique ou mystique.
Du point de vue de la médecine, la possession est liée à la transe. On observe depuis le Moyen-âge de nombreuses descriptions et interprétations d’épidémies de démonopathies. Navigant entre hystérie et démonologie, la possession remplirait de nombreuses fonctions individuelles mais aussi collectives. Ainsi, pour saisir la dimension complète d’un phénomène de possession et le définir comme pathologique ou non,
sans doute faudrait-il être en mesure de concilier la psychiatrie, l’anthropologie et l’ethnopsychiatrie. L’hypothèse pourrait être que la possession de Michel serait liée à un conflit oedipien, aux identifications entre le masculin et le féminin. Par la possession et l’hystérie nous retrouverions un essai d’établir une communication entre deux mondes hétérogènes et hiérarchiquement différents mais dépendants. Le
père/la Mère, le Sacré/profane (religion et croyance des parents).
N’existe-t-il pas un modèle universel de possession ? Ce mal à exorciser, soit par une cure ou par un exorciste passerait par une figure surnaturelle externe. Ce qui rassemblerait l’exorcisme et la psychiatrie serait l’idée d’une collaboration, et d’une coexistence autour du patient à soigner ou exorciser, mais cela pose la question de la fonction thérapeutique et du transfert.
Le psychiatre doit avoir connaissance de la démonologie et, de la même manière, il est tout à fait souhaitable que l’exorciste soit formé en psychiatrie et psychopathologie. Je ne pense pas qu’il y ait de contradiction
à faire appel aux qualités de l’un ou de l’autre. Rappelons qu’une même personne peut-être sujette aux deux sortes de Mal en même temps. Dans ces conditions, le patient aurait toutes les chances d’être entendu et accompagné vers la délivrance. Bien souvent l’exorciste est la dernière personne vers qui l’on se tourne, car
il n’intervient que si les symptômes de suspicion sont jugés suffisants.
Dans de nombreux cas le doute ne subsiste pas et il est important de le rappeler. Les patients consultent trop souvent sur le tard les psychiatres ou psychologues, par peur d’être pris pour des fous (Amorth, 2002). Jusqu’au début du XIXe siècle, on attribue les maladies mentales aux forces occultes et au diable. La possession diabolique était la principale explication donnée aux phénomènes que l’on relève aujourd’hui comme faisant partie de la psychopathologie. Selon J. Favret-Saada (Favret-Saada, 1977), les théories explicatives de possession et de sorcellerie sont toujours bien enchâssées dans les conceptions populaires qui entourent la maladie mentale. Intégrer les connaissances anthropologiques, les croyances, le culturel et les apports en psychanalyse et psychiatrie pourraient conduire à une meilleure compréhension en offrant au sujet une place qui constituerait le premier socle du soin.
De nos jours, le désespoir, la recherche de sens, l’isolement, la fragilité, la précarité, font que le symptôme se déplace du côté de l’angoisse. Par la possession et l’hystérie ne retrouve-t-on pas un nom d’emprunt, se traduisant par une nécessité fondamentale de la nature humaine : la haine de l’Autre ? Une nécessité de l’exclure pour ne pas se laisser emporter par notre obscurité interne. Sous ses divers changements de
formes, le diable est-il en mesure de s’adapter à la société ?
Références
Amorth, D.G. (2002). Exorcisme et psychiatrie. Traduit de l’Italien par Monique Segaricci, François-Xavier de Guibert. Paris.
Broussolle, E. ; Loiraud, S. ; Thobois, S. (2010). Journal of Neurology, Volume 257, Issue 6, pp. 1047-1048.
De Sardan J-P.O. (1994). Possession, affliction et folie : les ruses de la thérapisation. In : L’Homme, tome 34 no 131. pp. 7-27. Favret Saada, J. (1977). Les mots, la mort, les sorts, Galimard. Paris.
Gilardi, C. (2014). Grandi incontri, Le religioni e il male. La possessione satanica tra liturgia e psicoterapia.
Guillain, G. (1945). Notice nécrologique d’Achille Souques. Académie de Médecine, le 6 mars 1945.
1945 :130-137. Ellenberger, H.F. (2001). Histoire et découverte de l’inconscient, Fayard. Paris.
Société française de neurologie (1945). Achille Souques (1860-1944). Revue Neurologique de Paris. 77 : 3-6.
Souques, A. (1936). Les Étapes de la neurologie dans l’Antiquité grecque (d’Homère à Galien). Masson, Paris.
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